Porsche - Next Generacers

Next Generacers

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En rangs : Les jeunes espoirs prêts pour la pole position.

Mini-bolides de course Martini Racing. Chez Hansjörg Kunz, la fascination Porsche est sans limite. Et n’a pas besoin d’essence. Le seul moteur de ses trois Martini Racer, c’est la passion, l’effort et la pesanteur.

Ça y est : c’est le grand jour ! Théâtre des opérations : Rossau, dans le canton de Zurich, petit Monaco pour mômes passionnés de sport auto. Mais au lieu de moteurs vrombissants, ce qu’on entend au milieu des acclamations, ce sont les cahots de roues en caoutchouc plein. Pas d’odeur de pneus ni d’essence, mais celle de la prairie fraîchement tondue et des grillades. Pourtant, tout est réuni pour une grande compétition de sport auto : 26 portes sur un parcours de 850 mètres. En descente bien sûr, car avec les caisses à savon, la pesanteur remplace les moteurs. À part ça, en catégorie fun, presque tout est possible pour les jeunes pilotes de moins de 16 ans.

Ces courses de bolides ne fascinent pas que les jeunes, loin de là. C’est qu’il faut aussi des chefs d’équipe, des mécaniciens et des constructeurs expérimentés. Hansjörg Kunz est l’un d’entre d’eux : il travaille pour Porsche, roule en Porsche et consacre ses loisirs à sa passion pour la marque. Il a baptisé « Next Generacers » ses trois voiturettes Martini Racing, qui incarnent le sport automobile de la prochaine génération. Avec leurs grands ailerons arrière et leur authentique design de compétition, ces bolides pourraient tout aussi bien sortir de Weissach et font sacrément baisser la moyenne d’âge des pilotes Porsche.

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Les champions: Johnny, Alejandro et Salome (de g. à dr.) après le succès de leur première journée de course.

« J’ai toujours été fasciné par les caisses à savon », reconnaît Kunz, ce bricoleur qui, avec son équipe, a construit lui-même ces mini-voitures dans son propre atelier. « Quand j’étais jeune, mes voisins en avaient une, ils ont voulu s’en débarrasser. » Kunz a sauté sur l’occasion. « J’avais enfin ma propre voiture ! » Elle ressemblait à une Bugatti. Si « Hansi » n’a jamais couru de courses avec, il a dévalé un nombre incalculable de fois la ruelle qui passe devant la maison de ses parents, jusqu’à ce qu’il soit trop grand pour monter dedans. En 2007, la fièvre le reprend. Pour sa première communion, un garçon de sa famille lui demande une caisse à savon. Pour Kunz, impossible de refuser : il fabrique dans son atelier le bolide de tous les superlatifs, peint en gris Kerguelen métallisé Porsche et enrichie de gadgets électroniques. Le rêve de tout garçon, tant qu’il peut encore monter dedans. Cette merveilleuse machine trône maintenant dans le salon de Hansi où elle sert de juke-box.

Pour les grands
Dès lors, son obsession ne le quitte plus. Désormais, il lui en faut une pour adultes. Elle est dans l’atelier, à moitié terminée, car un imprévu est venu interrompre la construction : « Quand Alejandro et Ruben, mes neveux, ont vu le grand modèle, évidemment, ils en ont tout de suite voulu un. D’autres enfants leur ont emboîté le pas, qui voulaient rouler et aussi aider à la construction. » À la grande joie de ces jeunes pilotes pleins d’ambition, Hansi décide sur le champ de construire trois bolides. Son collègue Jürg Schmid, dont la fille Salome a déjà elle-même pris le volant, lui est d’une aide précieuse, et encore plus son beau-père : « Avec son expérience de plusieurs décennie comme menuisier, il a évidemment été d’une aide très précieuse. »

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Un constructeur heureux : Hansi a passé un nombre incroyable d’heures sur ses bolides.

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Travail d’équipe : Les enfants ont pu aider à la construction des petits bolides.

Dans son atelier, ce fan de Porsche de 49 ans ne laisse rien au hasard. Toutes les vis sont méticuleusement triées, chaque étape de travail est décrite et illustrée. Pas étonnant que la construction des bolides Martini ait été réalisée sans la moindre erreur : une maquette a d’abord été conçue en suivant les plans avec ­préci­sion. L’étape suivante a consisté à fabriquer une carrosserie en carton. « Nous avons pu alors faire des essais avec les enfants et vérifier qu’ils puissent bien entrer dans la voiture et en sortir », explique fièrement le chef d’équipe, tout en chargeant les caisses sur la remorque pour la compétition de Rossau. Question de standing, les Martini sont remorquées par un Porsche Cayenne jusqu’à la ligne de départ. « Cela aurait été trop risqué de les transporter avec celles des autres concurrents sur des pickups ouverts. » L’inquiétude du chef d’équipe est compréhensible. Il a passé 18 mois et environ 550 heures à travailler sur ces bolides exceptionnels. « Souvent, nous étions à deux ou trois dans l’atelier. Et bien sûr, les enfants nous ont aidés dès qu’ils le pouvaient. J’allais les oublier », dit Kunz en riant.

À vos marques !
Sur l’aire de départ, les bolides Martini sont soigneusement alignés sous une tente. D’autant qu’il pleut. « Un week-end d’essais a permis aux pilotes de se familiariser avec leur voiturette, mais nous n’avons encore jamais roulé sous la pluie », admet le chef d’équipe, manifestement nerveux. L’équipe des blancs-bleus-rouges est l’une des rares à ne pas recourir à des pneus en caoutchouc plein mais à des pneus remplis d’air. À la dernière minute, on réduit la pression, pour essayer d’avoir plus d’adhérence au passage des portes étroites. Comme dans les vraies courses ! Dans sa combinaison de course taillée sur mesure, Salomé Schmid aussi est nerveuse tandis qu’elle s’installe dans le bolide. « Glubschi », sa mascotte fixée dans le cockpit, lui prodigue les derniers conseils.

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Prêts ? Partez ! La tension était à son maximum. Enfin le signal du départ !

Départ imminent, avec la seule aide de la pesanteur. À moins que ? De la première Martini, en tête, vrombit une symphonie de moteur Boxer. « Une 911 GT3 RS sur la Boucle nord », explique Hansi. « En plus de son éclairage LED et du système de navigation intégré au volant, cette voiturette est également équipée d’un système acoustique, qui nous permet de simuler les bruits de moteur. » Ça fait plaisir au public et au constructeur, et bien entendu au jeune pilote Johnny Volgger : « C’est ma toute première course, devenir pilote, ça serait vraiment génial ! »

On pousse la caisse sur la rampe de départ. C’est parti ! Le bolide sort des starting-blocks avec fracas. Johnny, le premier à dévaler la pente, fait une manche sans faute en passant toutes les portes et franchit la ligne d’arrivée. Seul problème, le frein n’est pas assez puissant. Heureusement, le chef d’équipe est prêt à l’arrivée et retient sans difficultés la voiturette lancée à fond. « Le frein fonctionne avec un étrier métallique qui comprime les pneus. Avec l’humidité, ça ne suffit pas », dit-il. « Mais nous travaillons déjà sur un nouveau modèle équipé de freins à disque. »

Après la course
Peu à peu, toutes les voiturettes passent la ligne d’arrivée. En deuxième et en troisième manches, la pluie a laissé place au vrai plaisir Porsche : « J’ai vraiment pu prendre les virages en dérapage. Et quand je freinais, ça crissait même ! », jubile Salome – et elle le peut car, aujourd’hui, elle a été la plus rapide dans la catégorie Fun. Avec Johnny à la deuxième place, l’écurie Martini remporte une double victoire. Alejandro, le neveu de Hansi, s’est classé 16e : « Ma visière s’était embuée, je n’y voyais presque rien. »

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Accélération latérale : Perdre de l’élan dans la chicane, c’est perdre du temps.

Dommage, la saison est déjà presque terminée. « Nous n’avons pas pu finir plus tôt les caisses à savon. Mais l’essentiel, c’est qu’on ait pu les tester dans cette première course. On remettra ça l’année prochaine ! », lance Kunz. En plus des courses classiques, il aimerait bien voir un jour les Martini sur un parcours de montagne. « En descente bien sûr. Et de préférence de nuit, pour mieux mettre en valeur l’éclairage. Mais d’abord, il faut trouver un lieu adapté. »

Les jeunes pilotes essuient amoureusement leur véhicule et ont déjà de grands projets d’avenir. « Un jour, je serai peut-être pilote de course », rêve Salome. « Si j’y arrive, je veux absolument courir pour Porsche ! »

Texte Philipp Aeberli
Photos Benno Belserm et Hansjörg Kunz