Porsche - Au cœur de l’action

Au cœur de l’action

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Côté sportivité aussi, le Boxster GTS et le Cayman GTS n’ont rien à cacher.

Le circuit des cols. Compacts, agiles et rapides : nos quatre athlètes de choc à moteur central ont reçu les mêmes atouts dans leur berceau. Mais quid du plaisir de conduite ? Pour le savoir, rien de tel que de parcourir le circuit des cols en Boxster GTS et Spyder, Cayman GTS et GT4.

Il fait encore frisquet ce matin-là à Chardonne, sur les hauteurs des rives du Léman. Mais le soleil brille. La capote restera donc où elle est : repliée derrière les sièges. Il suffirait de quelques manipulations pour coiffer le Boxster Spyder de sa petite casquette, mais ce serait un sacrilège. Gâcher tous ces beaux rayons de soleil ? Alors que nous sommes là pour nous abreuver d’air frais ! Le conducteur coiffe donc son propre couvre-chef, éveille le Boxer d’un tour de clé, et c’est parti : direction Martigny. Peut-être aurait-il été judicieux de refermer la capote pour la petite portion d’autoroute, mais le vent frais du matin a quelque chose de vivifiant, et c’est très bien comme ça. Car déjà, nous quittons l’autoroute et entrons dans le royaume des virages.

Civilisé, le Spyder se faufile dans les petits villages et traverse souplement le premier tunnel. S’enfermer dans des boyaux, c’est trop dommage : on tourne à droite et on s’engage vers le col. Pas n’importe lequel : celui du Grand-Saint-Bernard (à ne pas confondre avec le col du San Bernardino) qui mène de Suisse romande à la vallée d’Aoste, en Italie.

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Le Boxster Spyder dans les vignobles en terrasses de Lavaux, inscrits au patrimoine naturel mondial de l’Unesco

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Le Boxster Spyder et le Cayman GT4 avec vue sur le lac Léman

Authentique, direct, sans filtre
Dans cette vallée pierreuse, un étroit ruban d’asphalte serpente jusqu’au col, à 2 469 mètres d’altitude. Là, le Boxster Spyder s’en donne à cœur joie. Ses 1 300 kg s’allient à ses 375 ch (276 kW), et se laissent diriger avec précision grâce à l’embrayage six rapports énergique. Freiner en entrée de virage, guetter le petit bruit typique de la rétrogradation, virer avec une énergie incroyable puis sortir du virage en fanfare dans le plus pur style Boxster. À nouveau, s’offrir au vent. Une sensation authentique, directe, sans filtre. Un jeu que l’on pourrait recommencer indéfiniment. Mais voilà que le douanier nous fait signe, content d’apercevoir enfin ce que ses oreilles lui annonçaient depuis longtemps. Il est temps de calmer les esprits échauffés et de savourer enfin la vue. Pour la suite de la route, nous opterons pour une version fermée. Bienvenue à bord du Cayman GT4 ! Si son cœur battant est identique à celui du Spyder, c’est néanmoins une toute autre créature. Ses branchies plus larges devant l’essieu arrière lui permettent d’aspirer plus d’air et d’atteindre même les 385 ch (238 kW). Les véritables différences viennent du châssis. Tandis que le Spyder est substantiellement destiné à la route, avec tout le confort que cela implique, le GT4 sort tout droit de la section sport automobile de Porsche. Ses freins plus puissants, son châssis sensiblement plus rigide, inspiré par la technologie du sport automobile, sont empruntés à la 911 GT3. L’ensemble tient-il ses promesses sur la route qui file vers Courmayeur, en val d’Aoste ?

Fermé, et pourtant franc
Fini le vent frais qui vous caresse le nez. Et le toit fixe du cabriolet ne laisse passer le splendide concert de l’échappement que sous une forme atténuée. Le GT4 doit donc trouver d’autres voies pour gagner le cœur du conducteur. Sa stratégie : être impitoyable. Le bolide à moteur central transmet sans hésitation à son pilote tous les nids de poules et autres reliefs de la route du Grand-Saint-Bernard, côté italien. Et c’est justement là que réside le secret du GT4. Tout tourne autour du conducteur. Son embrayage six rapports ultra-précis, sa direction immédiate, le répondant acéré du boxer dans le dos. Difficile, dans ces conditions, d’accorder encore une once d’attention au paysage sauvage qui s’étend de part et d’autre de la route sinueuse. Plus sportif, ça n’existe pas. Dans la vallée, la route quasi-déserte égrène les villages, traverse forêts et champs. Chaque virage devient une sensation, chaque sprint a un potentiel addictif inouï. Le conducteur n’a plus rien d’un simple passager, le GT4 le fait travailler : le bonheur, ça se mérite. Mais l’heure est venue de faire une pause.

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Sur la route qui mène au Grand-Saint-Bernard

Le plein, et on repart
À Courmayeur, le Chalet Plan Gorret était déjà un relais apprécié des voyageurs au XVIIIe siècle. Révigorés par les spécialités de la région, nous entamons la dernière étape. Sur le parking, un Boxster GTS et un Cayman GTS nous attendent, pour ainsi dire les petits frères du Spyder et du GT4. Régression ? Que nenni ! Les modèles GTS sont moins radicaux, certes, mais sur route, c’est tout sauf un inconvénient. Nettement plus souple que son jumeau de course, le Cayman GTS glisse sur l’asphalte grâce à la boîte PDK en option qui lui donne un confort d’exception. Mais il est aussi capable d’autre chose ! Il suffit d’appuyer sur la touche « Sport Plus » pour révéler la face cachée du GTS. Les amortisseurs se raidissent, l’échappement passe en mode vrombissement, la direction et l’embrayage travaillent encore plus directement. Sur le passage sinueux qui descend vers le tunnel du Mont-Blanc, le Cayman GTS laisse libre cours à sa vivacité. Avec une légèreté impressionnante, il épouse les moindres courbes. Le concept de moteur central révèle ici tout son génie : la voiture semble littéralement tourner autour du moteur. L’athlète ne perd pas pour autant son calme olympien et obéit au millimètre près au moindre mouvement de direction. Impossible de se sentir plus en confiance dans une voiture. Et c’est un jeu d’enfant, pour le moteur 3,4 litres, que de passer au-dessus des 7 000 tours/minute – la différence de puissance de 45 ch (33 kW) avec le GT4 est presque oubliée.

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Un trajet en Boxster Spyder met les cinq sens en éveil.

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Du col du Grand-Saint-Bernard, la route se poursuit vers le val d’Aoste.

De fait, le GTS n’a pas à rougir de ses performances face à son frère plus puissant. C’est sûr, sur le circuit, les choses se passeraient autrement. Mais sur route, où l’objectif est avant tout de se faire plaisir et non de gagner des dixièmes de seconde, le GTS (version Boxster ou Cayman) est bien plus qu’un choix par défaut. Et si on le lui demande, il le fait savoir haut et fort dans les 11,6 km du tunnel du Mont-Blanc. Dans le couchant, les derniers virages nous ramènent à travers le vignoble sur les hauteurs de Chardonne. L’heure du bilan a sonné.

Un charme incomparable
Les quatre modèles testés ont une priorité commune : ils font la part belle au plaisir de conduite. C’est au Boxster Spyder que revient la palme du purisme. Avec sa boîte manuelle et son poids plume, c’est le séducteur du quatuor. Le Cayman GT4 obéit à un concept identique, tout en étant un cran plus sérieux. Sa puissance encore supérieure, son châssis venu tout droit du sport automobile, son toit fixe en font un bolide impitoyable capable aussi de briller sur route par les sensations qu’il procure. Les modèles GTS, quant à eux, sont plus adaptés au quotidien et aux longs trajets. Ce qui ne nuit en rien à leur pouvoir de fascination, au contraire : sur les mauvaises routes, notamment, le confort de conduite est un véritable atout.

Quelle que soit l’option retenue, il est difficile de résister au charme de ce quatuor. Être au cœur de l’action : un principe qui s’applique ici à la technique, mais surtout… au conducteur.

Auteur Philipp Aeberli
Photographe Frank Ratering