Porsche - De col en col

De col en col

718 Cayman (WLTP)*
9,7 – 8,9
l/100 km
220 – 201
g/km
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L’amour du détail : Porsche construit des voitures de sport depuis des décennies, remporte régulièrement les 24 Heures du Mans et sait donc très précisément ce qu’il faut pour faire une voiture parfaite.

Furka, Grimsel, Susten. Trois cols pour l’un des plus beaux itinéraires d’altitude de Suisse. Un itinéraire mythique, idéal pour tester les mérites respectifs d’un 718 Cayman à boîte manuelle et d’un 718 Boxster S avec boîte PDK. Un vainqueur ? Non : deux, bien sûr.

Un dernier café à Realp. Histoire d’être tout à fait réveillés pour le col de la Furka, où la visibilité n’est pas toujours au top. Une route étroite, pas toujours très bonne – mais c’est ce qui en fait l’un des cols les plus délicats de Suisse. Rien à voir avec une autoroute de montagne : plutôt un chemin qui met à rude épreuve le pilote comme le véhicule. La Porsche 718 Boxster S roule toit ouvert, la configuration de conduite a été personnalisée, avec châssis en mode confortable, embrayage et PSM sur Sport Plus. Avantage de ce splendide parcours qui nous mène à 2 429 m d’altitude : les virages sont si nombreux qu’on risque peu de dépasser la vitesse autorisée.

Cinq sens en éveil

Dès les premiers mètres, le nouveau 718 dément tous les préjugés associés aux moteurs suralimentés : la réponse à l’accélérateur est un pur bonheur, et pour sentir encore le fameux creux des turbos avec un moteur quatre cylindres de 2,5 l, il faut être hypersensible. La boîte PDK 7 rapports accompagne à merveille la mécanique, laisse le couple exprimer sa puissance, offre des enchaînements parfaits et des changements de rapports nets sans rupture de charge – même quand on repasse en première avant une épingle à cheveux. Un bon coup d’accélérateur ensuite en sortie de virage, léger dérapage, mais l’électronique de sécurité est là pour rattraper le coup – au troisième ou quatrième virage, on n’a plus le moindre doute sur la facilité avec laquelle le Boxster se laisse reprendre en main. Et cette précision de la direction, cette subtilité dans le dosage du freinage… voilà exactement comment une voiture de sport doit se comporter en montagne. Au pied de la montagne, un sourire furtif apparaît sur les lèvres, qui se transforme au fil des kilomètres en une joie franche et sincère. Là où les lignes droites s’allongent, on contient un peu son enthousiasme en prévision d’éventuels amis et admirateurs en bord de route, et on en profite pour admirer le sublime paysage.

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Jumeaux hétérozygotes : On n’a que l’embarras du choix. Côté plaisir, les deux se valent.

Côté Valais, la route est un peu plus large, les virages ont plus d’amplitude. Le Boxster nous invite à danser. Les mouvements sont fluides, l’homme fait corps avec la machine. Le nez aussi est de la partie, hume le parfum des prairies alpines que seul un véhicule à toit ouvrant permet de savourer. Tout est à portée de main, le siège profond, l’ergonomie parfaite du nouvel habitacle, on pourrait continuer éternellement à jouer avec les virages, avec cette expérience totale qui engage les pieds, les mains, les yeux, les oreilles, et fait de la route un intense moment de plaisir. Le bonheur de conduire selon Porsche : chaque voiture de la marque, qu’elle ait 50 ans ou qu’elle soit toute neuve comme le 718 Boxster S, porte en elle toute l’histoire de la marque. Une histoire qu’on peut voir, toucher, entendre – et surtout ressentir. Dans le Boxster et le Cayman, tout semble servir un seul et même but, la moindre ligne fait sens. On veut des lignes droites, des autoroutes, du grand large. Mais on veut aussi de la montagne, des routes sinueuses, étroites, des virages. Oui, encore des virages, s’il vous plaît.

Quand on arrive en bas, à Gletsch, le plaisir redémarre de plus belle. C’est parti pour le Grimsel. Ce col est un peu mieux aménagé que celui de la Furka, peut-être même un peu rapide pour une Porsche, il faut donc l’aborder avec plus de retenue. Mais plus on s’élève en altitude, et plus le paysage devient impressionnant. En haut du col, un premier lac nous tend les bras pour une brève pause, mais il vaut mieux continuer encore un peu, avaler quelques virages de plus, pour arriver à un autre lac avec sur ses rives le magnifique hôtel Grimsel Hospiz, où non seulement on se régale, mais où on peut aussi passer une excellente nuit. Ce que nous ne ferons pas, la journée étant encore à peine entamée – et ici, au Grimsel, il faut rouler les yeux grand ouverts sur la vie, sur ces paysages prodigieux à la beauté sauvage. C’est pourquoi nous changeons de monture. Au tour du 718 Cayman. Sans S : basique, donc. Et avec boîte manuelle, en plus. Remercions Porsche de proposer encore cette possibilité.

Joie de la maniabilité

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La maison en haut de la montagne : Le Grimsel Hospiz est aujourd’hui un hôtel romantique, parfait pour une échappée à deux en 718 – en Cayman ou en Boxster, peu importe.

La redescente du Grimsel en Cayman fait office de mise en jambes. Le parcours est fluide, avec une alternance de virages en lacets et de courbes plus larges. En coupé fermé, la concentration est resserrée, et les changements de vitesse aussi exigent plus d’attention du pilote. Une main sur le volant, l’autre sur le levier de vitesses, les deux pieds en action : tous les sens sont mis à contribution, plus encore qu’avec la boîte PDK, déjà si parfaite. La route du col s’achève à Innertkirchen, mais nous repartons immédiatement à l’assaut du Susten. Côté bernois, c’est l’un des plus beaux itinéraires que la Suisse ait à offrir, tant par les paysages que par les qualités et les exigences du parcours. Passer les vitesses, rétrograder, opérations fluides et joyeuses, sans une minute de répit. Mais c’est le plus beau plaisir qui soit. Dans toute sa splendeur, l’art d’intégrer la nouveauté sans abandonner les valeurs sûres qui de tout temps ont fait la quintessence de Porsche.

Le 718 Cayman ne fait qu’un avec la route et son confort est inégalable, faisant preuve d’une précision et d’une maîtrise hors-norme, même lorsque le tempo s’accélère. Et toujours, sa tenue de route avenante et docile donne au conducteur assurance et confiance. Il faut quasiment l’obliger à accepter un dérapage contrôlé, plus encore qu’avec le Boxster au moteur plus puissant. Mais en optant pour le mode Sport Plus, il s’accroche de toutes ses forces à la route avant de consentir à laisser partir un peu son arrière-train. OK, dans les accélérations de sortie de virage, en première, il accepte. Mais reste fidèle à lui-même, prévisible, agréable. Passée la barre des 6 000 tr/mn, il prend comme un second souffle, avec une poussée fulgurante quoique de courte durée puisqu’il faut déjà passer la vitesse supérieure. Là aussi : embrayage nickel, passages de vitesses rapides, transitions impeccables. Le rêve. Grâce au turbo, le couple est comme un mur, bien plus massif que dans le six-cylindres d’antan, ce qui rend la conduite bien plus détendue. En chiffres : le couple maximal de 380 Nm fournit entre 1 950 et 4 500 tr/mn. À part ça, on est tout simplement rapide. Joyeux. Et satisfait.

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Une voiture de sport est avant tout affaire de plaisir. Et de dévotion. Il faut être capable de remporter les 24 Heures du Mans, être rapide sur la Nordschleife du Nürburgring, avoir remporté des milliers de courses et mentionner une 911 à son palmarès pour comprendre ce que signifie cette dévotion. Il y a plus que de la technique en jeu, plus qu’un design réussi, plus que de l’infotainment bien pensé et de la connectivité ultra-moderne. Il y a aussi ce petit quelque chose, indescriptible, que seules les Porsche ont. Une entreprise qui au cours de sa passionnante histoire a signé les plus formidables voitures de sport et de course. C’est de cet esprit que vivent aujourd’hui encore le 718 Boxster et le 718 Cayman. Et pour être honnête : on les voudrait tous les deux.

Du col de Susten, à 2 224 mètres d’altitude, nous redescendons vers Wassen. De là, nous pourrions faire un crochet par Gurtnellen, rendre visite aux trois sœurs de l’hôtel Gotthard, Greta, Leonie et Eva, dont il faut connaître au moins une fois dans sa vie l’hospitalité. Mais nous nous pourrions aussi tout à fait envisager de le circuit des trois cols, Furka, Grimsel et Susten. Au volant de nos deux Porsche 718, bien sûr.

Texte Peter Ruch
Photos Dirk Michael Deckbar